11 Mars 2021
Quand nous, les joueurs de jeux vidéo sur console, parlons de ce loisir, nous parlons souvent d’un catalogue vidéoludique immense et de puissance de la machine toujours plus grande. Mais il fût un temps où les consoles peinaient à proposer cents jeux vidéo différents et même ne comprenaient pas de son. C’est le cas d’une machine sortie dans les années 70, l’Odyssey.
Cette console a connu le début de sa conception en 1966 par Ralph Baer, salarié chez Sanders à l’époque. Avec Bill Harrison et Bill Rusch, qui donna l’idée des paddles permettant au joueur d'avoir une interaction plus fine avec ce qui est affiché à l'écran, fabriquèrent plusieurs prototypes dont le septième, « la Brown Box ». Ce nom lui a été attribué en référence à son design imitation bois grâce à des autocollants. Plusieurs fabricants ont été contacté par l’équipe afin de produire la machine, et c’est en 1971 qu’une firme spécialisée dans l’électronique grand public, commercialisant principalement des téléviseurs, accepte de produire la console : Magnavox.
Plusieurs fabricants ont été contactés par l’équipe afin de produire la machine, et c’est en 1971 qu’une firme, spécialisée dans l’électronique grand public et commercialisant principalement des téléviseurs, accepte de produire la console : Magnavox.
Pour la technique, n’oublions pas que nous sommes en 1971. La machine était analogique, donc elle ne possédait ni processeur, ni mémoire vive et, comme indiqué précédemment, pas de sortie audio. Pour alimenter une console comme celle-ci, il fallait insérer six piles LR14 mais pas de panique, un adaptateur secteur était vendu séparément. En ce qui concerne les graphismes, oubliez la 4K, les 120fps et le Ray-Tracing. L’odyssée pouvait afficher trois carrés simultanément en monochrome noir et blanc et chacun pouvait avoir un comportement différent en fonction du jeu. Pour pallier à ce défaut, des calques de couleurs étaient inclus dans la boîte de la console. Ces morceaux de plastique transparent étaient à plaquer contre l’écran du téléviseur, grâce à l’électricité statique, et permettaient d'avoir un décor. Le scrolling n’étant pas encore inventé, les jeux évoluaient dans un décor fixe. Dans les prototypes seulement, des fonds d'écran de couleur générés par la console finissaient le décor. Cet élément ne fût pas concrétisé à cause des coûts élevés de production nécessaires.
En septembre 1972 (1973 pour l’Europe), Magnavox commercialisait l’Odyssey (Odyssée pour la version française). La boite comprenait la console (bien évidemment), les calques de couleur, six « cartouches » de jeu, des jetons de poker, des dés, des faux billets de banque, des plateaux de jeu et des cartes à jouer. D’autres « cartouches » de jeu et un pistolet optique, Shooting Gallery étaient vendus séparément. Ces « cartouches » de jeu n’étaient rien d’autre que des jumpers. Elles ne comprenaient aucun programme mais modifiaient l’architecture du circuit. L’Odyssée comprenait vingt-huit jeux au total et en fonction du pays, environ une dizaine d'entre eux étaient déjà inclus dans la console.
En ce qui concerne les jeux, beaucoup reprenaient des sports connus, comme le célèbre jeu « Pong » par exemple. Si le sport ne nous intéressait pas, des jeux de labyrinthes comme « Cat and mouse » ou des jeux d’aventures tel que « Haunted House » étaient présents dans la ludothèque. Fan de casino ? le jeu « Roulette » aura conquis les amateurs de jeu de hasard.
La production de la console se termina en 1975. Elle aura été vendue à plus de 330 000 exemplaires dont près d’un tiers pour la première année de commercialisation. Toute une série d’Odyssey fut commercialisée sous le nom « Magnavox Odyssey » entre 1975 et 1977. Pour l’Europe, c’est sous le nom « Phillips Odyssey » que nous avons connu les trois variantes de la console entre 1976 et 1978.
Ce succès attira les convoitises d’autres entreprises, comme Atari, violant ainsi les brevets déposés par Ralph Baer. De nombreux procès furent lancés et remportés contre ces entreprises durant plus de vingt ans et permirent de gagner plus de 100 millions de dollars. Dans le numéro 16 de Video Gamer Retro magazine, on apprend que Nolan Bushnell, pour éviter qu’un procès ne coule la société, donna 700 000 $ à Ralph Baer ainsi que les droits du jeu. Chaque société qui développait un clone de Pong devait alors verser des royalties à Ralph Baer. Ce sera le début de la fin pour Nolan Bushnell en tant que PDG d’Atari mais ça c’est une autre histoire que nous vous raconterons une prochaine fois, amis geeks ;-)